En Suisse aussi, la précarité existe
En Suisse, il est facile d’oublier que de nombreuses personnes sont précaires. Pas dans le sens de la pauvreté qui survient de temps en temps en fin de mois, qui nous fait nous dire « qu’on a plus de thunes ». Plutôt celle qui fait qu’on hésite à la moindre dépense, car on a peur de la regretter plus tard. Celle qui fait qu’on cache constamment sa situation, par peur d’être jugé·xe. Celle qui oblige à travailler plusieurs heures par semaine en parallèle des cours, souvent dans des boulots précaires, desquels on peut nous jeter du jour au lendemain. Celle qui fait que l’incertitude de parvenir à boucler les fins de mois représente un stress constant. Celle qui fait que manger à la cafétéria, pour celleux qui le peuvent, représente un sacrifice énorme.
Cette précarité se retrouve à l’Unil, où de nombreux·ses étudiant·xes font face à des difficultés quotidiennes qui rendent leurs études particulièrement éprouvantes. C’est le cas de Sam, Ellen et Leo, étudiant·xes à l’Unil, qui témoignent dans cet article.
D’abord, cette précarité se manifeste dans l’inégalité face au temps alloué aux études. Pouvoir se consacrer à ses études à 100% est un luxe que tout le monde ne peut pas se payer. Bien que certain·xes vivent positivement le fait de travailler, car leur boulot leur plaît et qu’iels pourront mettre cette expérience sur leur CV, près de la moitié des étudiant·xes n’ont pas le choix de travailler pour survivre.
« C’est vraiment dur ce genre de taff ou tu te fais exploiter. Ça fait 5 ans que je fais ça : demander des signatures dans la rue, gardien de musée, vendeur, serveur, moniteur. Des fois je me sens au bord de la dépression parce que les conditions de travail dans les jobs étudiants sont de l’exploitation pure. Je me suis fait virer juste comme ça tellement de fois, juste parce que mes horaires convenaient plus aux employeurs. C’est souvent des horaires flexibles, ce qui signifie juste de pires conditions de travail, des salaires trop bas. En dessous de 25 francs de l’heure ça devrait pas être possible. Ce qui est injuste, c’est que devoir travailler à côté, ça te met dans une situation de difficulté beaucoup plus lourde à réussir ta première année qui est une année difficile »
Sam
Par ailleurs, les étudiant·xes pour lesquels le travail est “absolument nécessaire” évaluent très négativement leur santé mentale et physique, comme l’a montré l’Observatoire de la Vie Etudiante de l’Université de Genève.
Pour Sam, tout serait plus simple s’iel pouvait bénéficier d’une bourse, chose qui n’est pas possible car il a déjà obtenu un diplôme dans une autre école avant d’entamer ses études à l’Unil. Il témoigne ci-dessous du sentiment d’injustice qu’il éprouve.
« Mon premier bachelor je l’ai fait parce que j’ai pas pu faire mon lycée, j’ai pas pu faire mon lycée parce que j’étais mauvais à l’école et j’étais mauvais à l’école à cause de situations liées à la précarité. J’ai fait l’Ecal, que tu peux faire sans le bac. Là, les injustices liées aux finances sont encore plus exacerbées parce que tu dois tout financer toi-même, tous tes projets, ton matos, etc. T’as aucune aide de l’école. Et c’est souvent très difficile de travailler à côté. »
Leo, quant à lui, ne travaille pas: il est bénéficiaire de l’Assurance Invalidité (AI), en raison des maladies chroniques qui l’affectent au quotidien. Il est lui aussi passé par une autre formation avant de commencer ses études universitaires. Pendant plusieurs années, il était cuisinier, mais en raison de ses problèmes de santé, il lui est devenu impossible de continuer à exercer. Avec l’AI, il touche plus que ce que touchent les étudiant·xes boursièr·xes. Pourtant, cela n’est pas suffisant en raison du mode de vie qu’il doit adopter en lien avec ses maladies.
« J’ai des maladies chroniques auto-immunes. Ça demande beaucoup de frais même si je suis couvert par l’assurance : des soins et des compléments alternatifs, une certaine hygiène de vie. Je peux pas trop faire de compromis sur la nourriture. Ça fait que mes dépenses sont assez compliquées. J’arrive toujours à m’en sortir et à joindre les deux bouts mais c’est toujours un peu du bricolage. Surtout que contrairement à si j’avais une bourse, je ne peux pas trop travailler. »
Leo
Ellen est, quant à elle, éligible pour une bourse depuis 8 mois, ce qui correspond aussi au temps depuis lequel elle attend une décision quant à sa demande.
« Ça me scandalise et je suis en incompréhension totale. J’ai le droit à une bourse et on me fait attendre. On est censé me donner 500 balles par mois pour vivre, manger, payer mon loyer etc. et en attendant je suis censée me démerder. Comment je suis censée faire si j’ai déjà pas de thunes ? J’avais un tout petit peu mis de côté parce que j’avais un salaire d’assistante ici à l’uni. Je bosse à 40% et littéralement je vis avec ça, c’est ça qui me permet de payer quasiment toutes mes factures. Là j’arrive au bout de ma réserve parce qu’on est 8 mois plus tard et que je n’ai toujours pas de nouvelles. Déjà que le temps que ça prend administrativement est infernal… Je pense qu’iels sont juste saturé·xes de demandes, iels arrivent pas à suivre. Résultat : je suis là 8 mois plus tard, j’attends, et ça devient chaud. Le mois prochain, si j’ai toujours pas de réponse, je sais pas comment je vais faire. »
Ellen
Un autre aspect de la précarité, abordé ici par Leo et Ellen, est l’isolation sociale engendrée par celle-ci. Le budget déjà limité ne laisse plus beaucoup de place pour les activités.
« Faut être un peu inventif , trouver des activités peu coûteuses, par exemple pour le cinéma des trucs un peu militants, à prix libre. Mais bon c’est moins facile, moins courant, ça demande toujours plus d’organisation. Pas mal de mes potes de maintenant sont aussi passé·xes par des CFC mais maintenant ont des taffs donc me proposent souvent des sorties, des restos, des vacances, et partent ensemble mais moi je peux pas forcément suivre. Au début ils me payaient un peu, après ça devient gênant, et au bout d’un moment quand ils ont payé 2, 5, 10 fois… Ils peuvent pas non plus t’entretenir tout le temps. Clairement ça m’a un peu séparé d’une partie de mon entourage. »
Leo
« Je suis très regardante au niveau du budget pour les loisirs, à cause de cette histoire de bourse. Ça fait quelques mois que je suis vraiment ultra ristrett’ et c’est la première chose qui va passer à la trappe. C’est les questions de loisirs, un resto avec mes potes, pour le coup là c’est vraiment pas dans mes moyens. J’essaie de faire du sport pour faire attention à ma santé, donc j’en fait à l’uni parce que sinon j’aurais pas les moyens. Vraiment je pense que c’est un des premiers trucs qui passe à la trappe. »
Ellen
Dernièrement, les trois étudiant·xes témoignent de leur ressenti par rapport à leur situation.
« C’est frustrant. Quand tu vois comment les gens autour de toi vivent, c’est pas le même niveau d’insouciance, de qualité de vie, de temps. Il n’y a sûrement pas que le fait de pas avoir d’argent qui est galère, il y a aussi le fait que je suis un peu insomniaque, mais je lie un peu le fait d’être insomniaque au fait que c’est stressant la vie, et c’est stressant la vie parce que j’ai pas beaucoup d’argent. C’est très fatigant en fait de pas avoir d’argent. Tu vis pas de manière apaisée tes études. »
Sam
« Je sais que j’ai pas de filet de sécurité, mes parents iels ont pas de thunes. Psychologiquement, c’est très stressant. Jusqu’à présent j’ai toujours réussi à m’en sortir mais je suis toujours à ça… Ça m’est déjà arrivé d’avoir des poursuites, là je suis toujours en train de payer mes impôts de l’année dernière, je me prive sur un certain nombre de choses, au niveau de mes activités. J’ai mon papa qui vit en France, qui est plutôt âgé et un peu malade et donc peut pas venir me voir. Ça coûte d’aller en France donc je le vois pas très souvent. Plein de sacrifices comme ça. »
Leo
« Pendant très longtemps j’ai eu honte de ma situation financière, j’ai eu honte de demander de l’aide. Je déteste que les rapports sociaux soient encapsulés dans des questions financières. Même si on m’offre gentiment, j’ai beaucoup de peine à accepter. Et demander fait partie d’un gros effort de se dire se dire « j’ai le droit d’avoir cette aide-là », c’est hyper dur. Ce sentiment de honte est assez ancré en moi, et m’empêche de me sentir légitime de demander. Je me sens redevable si on me demande, je me dis que je peux être indépendante encore jusqu’au bout, tant que j’ai encore un tout petit peu d’économies je peux m’en sortir, parce que me sentir dépendante c’est un sentiment qui me fait du mal. J’aimerais enfin pouvoir être libre, me dire que oui la question financière est réglée, que je n’ai plus à m’en préoccuper. »
Ellen
La précarité alimentaire à l’Unil
L’alimentation est un des nombreux aspects à travers lesquels se traduisent la précarité et les inégalités au sein du corps estudiantin. Une bonne alimentation est évidemment nécessaire pour être en bonne santé, mais plusieurs études suggèrent qu’une bonne alimentation influence aussi fortement les résultats scolaires1,2. Pourtant, celle-ci n’est pas accessible à toustes.
Certain·xes étudiant·xes ne pouvant pas profiter de l’offre des cafétérias se voient contraint·xes de cuisiner davantage que les autres étudiant·xes, afin de minimiser les coûts. Cela implique une plus grande organisation et moins de temps alloué aux révisions, mais aussi à la détente, au sport, etc., autant d’activités aussi nécessaires à la réussite scolaire.
« Je mange pas beaucoup à la cafète. Ça m’est déjà arrivé une fois à Géopolis et une fois à la Banane juste pour essayer depuis le début de mes études. Parfois des petits sandwichs ou des trucs comme ça quand je peux. »
Sam
« Je mange très rarement les plats de la cafète. Grâce à ma formation de cuisinier, je perds pas trop de temps mais c’est une énorme charge de se faire à manger trois fois par jour. Systématiquement. Ce serait une énorme charge en moins si je pouvais manger de temps en temps à la cafète, ça fait aussi les courses en moins. Si c’était que 5 ou 3 balles, j’y mangerais beaucoup plus souvent, ça c’est clair. »
Leo
L’autre part des étudiant·xes se voit contrainte de sacrifier une part conséquente du son budget pour s’assurer d’avoir une alimentation de qualité. Cela ajoute un stress supplémentaire de ne pas réussir à boucler les fins de mois, comme en témoigne Ellen.
« […] C’est une grosse part de mon budget. Je pense que je ferais de grosses économies si je me préparais mes plats, mais j’avoue que je vis toute seule, dans un studio, du coup je me fais déjà à manger tous les soirs et ça me prend pas mal de temps et d’énergie. Avec les études, mon taff d’assistante, en essayant quand même d’avoir des contacts sociaux, je trouve que ça me prend beaucoup de temps. C’est 1000 fois plus arrangeant de manger à l’uni et je gagne du temps sur les repas que je me prépare chez moi. »
Ellen
À l’Unil, le néolibéralisme gagne du terrain, comme en témoigne la détérioration des conditions d’études, par exemple l’augmentation des taxes d’étude. Un autre exemple est l’augmentation des prix des repas. Alors que les étudiant·xes les plus aisées peuvent profiter d’offres “gourmet”, “saveur du monde”, les plus précaires n’ont qu’à “se faire un tup”… Récemment, c’est l’entreprise 101 restos qui a repris la gestion de la cafétéria d’Amphimax pour y établir le restaurant Terra. Celui-ci se vante de répondre aux attentes des étudiant·xes en nous offrant des plats qui nous “font voyager”. Pour manger en Amphimax, il faut débourser entre 7.30 CHF et 10 CHF pour une assiette. Pour un menu, entre 9.60 CHF et 11.50 CHF. Pour beaucoup d’entre nous, les rares fois où nous nous rendons à la cafétéria, le choix du plat n’entre pas en jeu et nous allons vers l’offre la moins chère. A noter que pour celleux qui n’ont pas le temps de se poser pour manger à midi, ni d’attendre devant les micro-ondes, les sandwiches proposés sont quasiment au même prix que les assiettes et les menus. Comme le montrent les témoignages cités plus haut, le stress engendré par la précarité n’a pas pour cause la nostalgie de nos nombreux voyages aux quatre coins du monde, mais bien le prix des assiettes.
Comment lutter contre la précarité alimentaire ?
En raison des prix des logements, des coûts de la santé, de l’inflation, de la difficulté d’accès à des aides (qui sont aussi souvent insuffisantes), 7.30 CHF, pour beaucoup d’entre nous, c’est hors de nos moyens. C’est pour cette raison que ce prix minimum, qui n’est d’ailleurs pas assuré sur l’ensemble du campus, est contesté par le mouvement On a les crocs, qui revendique la réduction des prix des repas à 3.- CHF. Une campagne similaire a été menée à l’Université de Genève après que des plats à 3.- CHF avaient été instaurés pendant la pandémie de Covid-19, qui a touché les personnes précaire les plus fortement. A la fin de cette mesure d’aide qui avait permis à un nombre conséquent d’étudiant·xes de se nourrir, celleux-ci se sont mobilisé·xes. Suite à une occupation de leur cafétéria pendant 2 semaines, celleux-ci ont obtenu la diminution du prix du plat minimum à 5.- CHF, toujours en place depuis.
Ça changerait quoi pour toi que les repas passent à 3 francs ?
Ellen
« Absolument tout. Ce serait une charge mentale énorme en moins, et ce serait toute une part de mon budget hyper importante que je pourrais allouer à plein d’autres trucs, notamment les sorties. Ça parait bête mais les rapports sociaux sont aussi encapsulés dans une situation économique, donc la précarité n’est pas juste financière mais aussi sociale. Bon, j’ai de la chance, mon copain il me dit volontiers « c’est bon c’est moi qui te paie le ciné, c’est moi qui te paie etc. ». Évidemment moi j’ai beaucoup de peine avec ça… J’aime bien aller au théâtre, j’aime bien acheter des bouquins autres que mes bouquins de cours. Quand on est limite, c’est des trucs sur lesquels on doit faire l’impasse. Clairement, les repas à 3 francs, ça me change la vie. Je pense que même si je devais me préparer un plat dans un tupperware et le manger à la cafète, 3 francs c’est encore moins que ce que je dépenserais en faisant les courses pour mon repas de midi. Ce serait la situation idéale. »
Alors qu’à Genève, l’université cherche à mettre la lumière sur la précarité et la santé mentale des étudiant·xes à l’université, l’Unil ne semble pas s’en soucier vu qu’il est impossible de trouver des chiffres aussi précis pour notre université. Cependant, il est difficile d’imaginer que la situation puisse être très différente. Cet observatoire a notamment montré que près de la moitié des étudiant·xes qui travaillent le font par nécessité de survie, et non pour acquérir une certaine expérience professionnelle. De plus, celleux pour qui l’activité rémunérée est absolument nécessaire évaluent moins bien leur santé mentale que les autres étudiant·xes. Bien que des chiffres aussi précis manquent à l’Unil, il est difficile d’imaginer que la situation puisse être différente.
Ce manque de chiffre constitue une autre part du problème car il contribue à invisibiliser la précarité étudiante. Sans chiffres pour appuyer nos propos, une prise de conscience collective est difficile. Cette non-prise de conscience se voit par exemple à travers le fait que les seules mesures ayant trait à la précarité n’ont pas comme objectif principal de lutter contre celle-ci à proprement parler mais s’inscrivent plutôt dans une lutte écologiste en passant par l’alimentation ou la mobilité douce (pousser les personnes précaires à venir à l’université en mobilité douce et internaliser les services de cafétérias et d’épicerie).
Autre angle d’attaque pour lutter contre la précarité: repenser le modèle de gestion des cafétérias. Celui auquel nous sommes habitué·xes n’est pas le seul possible. En Belgique, en France ou encore à Berlin depuis récemment, les cafétérias sont internes à l’Université. C’est-a-dire que les travailleur·xeuses des cafétérias sont des employé·xes de l’université, et que les cafétérias sont gérées directement par l’université et non par une entreprise externe. L’avantage est que la gestion de la cafétéria n’est pas motivée par l’unique but de réaliser du profit, et permet donc de proposer des assiettes à des prix bien plus abordables.
Quelle réponse de l’Unil?
La direction a annoncé que la baisse des prix dans les cafétérias est “débattue au Grand Conseil et qu’elle est dans l’attente d’une décision de son autorité tutelle”, comme l’a rapporté le mouvement On a les Crocs. Notre université s’en remet donc au bon vouloir du Grand Conseil, dont la volonté semble se porter davantage vers des subventions de repas pour un montant pour l’instant indéterminé, plutôt que d’imposer un prix plafond. Cette façon de faire pose deux problèmes : premièrement, rien ne nous empêche de penser que ces subventions ne seront pas à la hauteur des attentes des étudiant·xes précaires et des associations. Deuxièmement, subventionner une entreprise privée ne réglera pas le problème de fond car le fait que des entreprises privées profitent de la situation précaire d’étudiant·xes n’est pas remis en question.
Pour ce qui est de la mesure d’internalisation des cafétérias, celle-ci est pour l’instant catégoriquement refusée par la direction qui affirme que “l’internalisation des services ne peut pas constituer un objectif en soi” et que la direction “continuera d’interroger le modèle d’organisation de la restauration à l’Unil, mais ne peut pas s’engager dans le sens de cette proposition à ce stade de la réflexion”. Pourtant, cette mesure avait été proposée dans le rapport de l’Assemblée de la Transition*, et avait été acceptée par 39 membres sur 44, et l’Assemblée de l’Université de Genève a adopté en 2021 une motion visant à internaliser les cafétérias à moyen terme.
Tant que la réponse de l’université restera insuffisante pour lutter contre la précarité, continuons de nous mobiliser pour des conditions d’études dignes et accessibles pour toustes!
- *L’Assemblée de la Transition est une commission consultative composée de personnes tirées au sort parmi les corps estudiantin, intermédiaire, professoral et des équipes administratives et techniques. Elle a pour but de formuler des propositions pour mettre en place une transition écologique et sociale à l’Unil. Voir article de Paul Castelain à ce sujet.
- 1.Burrows T, Whatnall M, Patterson A, Hutchesson M. Associations between Dietary Intake and Academic Achievement in College Students: A Systematic Review. Healthcare. 2017;5(4). doi:10.3390/healthcare5040060.
- 2.Whatnall M, Patterson A, Burrows T, Hutchesson M. Higher diet quality in university students is associated with higher academic achievement: a cross-sectional study. J Hum Nutr Diet. 2019;32(3):321-328. doi:10.1111/jhn.12632