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Business as usual, partie 2/3 : Mauvais esprit ?

Alors voilà, ce qu’il faut que nous fassions, est clairement défini et relève du consensus, de la vérité scientifique. Le problème est clairement délimité tant sur le plan des causes du changement climatique que sur le plan de sa nature économique, et c’est d’ailleurs souvent d’organes gouvernementaux que proviennent les analyses auxquelles j’ai fait référence jusqu’ici. Mais cela ne change rien à l’incapacité manifeste de nos sociétés à réagir convenablement. Ce mystère – celui de notre inaction climatique – est un sujet qui est régulièrement abordé dans les médias1–5. Il convient donc de s’intéresser à la manière dont ceux-ci le traitent.

L’explication la plus souvent entendue pourrait être qualifiée de psychologisante. On invoque l’incapacité du cerveau humain à appréhender l’ampleur et la complexité des mécanismes du changement climatique. Dans un TED Talk6, Per Espen Stoknes*, psychologue et économiste à la Norwegian Business School, à Oslo, explique quels mécanismes freinent le changement. Pour lui ce sont les barrières cognitives de la distance (temporelle et physique avec les conséquences du changement climatique), de la désensibilisation (aux prédictions apocalyptiques du changement climatique), de la dissonance cognitive (face à notre propre culpabilité dans le changement climatique en tant qu’habitant des pays les plus riches), du déni et de l’identité (politique des électeurs de droite qui voient dans certaines propositions écologistes une atteinte à leurs valeurs conservatrices) qui sont responsables de notre inaction en tant qu’espèce.

De ce mode de pensée découle nécessairement une certaine conception de ce qui doit être fait pour s’attaquer à la problématique du changement climatique. Si le problème réside dans la compréhension du changement climatique par les individus ce qu’il faut faire pour le régler, c’est mieux l’expliquer. L’exercice du/de la militant·e climatique relève donc de la pédagogie bien plus que du rapport de force, et la question de la stratégie de lutte devient avant tout une question de communication.

Mais voilà, il y a dans la compréhension psychologisante des causes de notre inaction quelque chose de profondément erroné: la croyance en le fait que c’est dans la seule compréhension individuelle du changement climatique que réside les clés d’un potentiel changement.

D’ailleurs, le niveau de conscientisation de la population ne semble pas si bas : la majorité des habitant·e·s des pays développés semble avoir compris le danger du changement climatique : en Union Européenne, 90% de la population pense que le changement climatique est un problème “sérieux” ou “très sérieux”7, même dans l’Amérique de Donald Trump, 69% se disent “inquiet·e·s” ou “très inquiet·e·s” quant à cette menace8. Il semble donc que, biais psychologiques ou non, la question relève des préoccupations de nos concitoyen·ne·s.

On notera d’ailleurs que celles et ceux qui se font les avocat·e·s de ce mode de pensée ont tendance à complètement occulter les distinctions de classes et à traiter la question de la perception du changement climatique comme si elle était la même pour une cadre supérieure que pour un vendeur de détail. Est-ce que la dissonance que mentionne Per Espen Stoknes dans son TED talk – celle qu’il ressent après avoir fait 10h d’avion pour donner une conférence de 30 minutes – existe sous la même forme chez un cuisinier de batterie ? Probablement pas.

Depuis le début de ce texte j’ai fait usage d’un nous écrit en italique pour distinguer ce “nous” qu’il est commun d’utiliser pour désigner “la société” en tant que tout. Toutefois il ne semble pas suffisamment précis de traiter de la société en tant que tout lorsqu’on s’attache à la problématique de la décarbonisation de notre économie. Tout ce qui compte vraiment ici, c’est qu’un changement ait lieu dans la réalité physique de notre économie. C’est la partie de la société qui détient le pouvoir économique qui détient aussi le pouvoir de réduire l’impact de notre économie.

Mais la bonne nouvelle, c’est que, cette partie de la société – celle qui détient le contrôle de l’économie – s’est érigée en spécialiste de l’élimination des différents biais psychologiques dans la prise de décision. Partout dans les conseils d’administration, dans les écoles de commerce, et même parfois dans les gouvernements, on rationalise, le mot d’ordre est au “data driven”, aux “analytics”, au “lean managment9, à l’économie du flux tendu. Partout on rationalise, on optimise, et tous ces procédés éliminent méthodiquement tout biais cognitifs dans la prise de décision.

Ce que la gauche a dénoncé comme des pratiques malsaines, déshumanisantes et hypocrites, ce nouveau management néolibéral qui se permet de pousser ses salariés au suicide quand les régulations empêchent de licencier10 se caractérise par une rationalisation à outrance de l’organisation économique de notre société. Rationalisation opérée avec la maximisation des profits pour seul objectif, certes, mais rationalisation qui dépasse les biais psychologiques néanmoins.

Bourse de New-York, avant l’introduction du trading électronique, 1963 (Domaine Public)

L’architecture de la machine

« La pertinence de la radicalité ne s’évalue donc pas dans l’absolu de la psychologie abstraite, mais dans le concret d’une situation. Ce que tu présentes comme un clivage de forme, modération versus excès, doit être requalifié en désaccord de fond. »

François Bégaudeau – Extrait de “Histoire de ta bêtise” 

Plutôt que de tenter de chercher les causes de l’immobilisme dans l’esprit des individus – sans considération pour leur position sociale – intéressons-nous directement aux structures qui gouvernent notre société, et puisque le problème est économique, à celles qui gouvernent notre économie.

Notre monde est libéral, de son propre aveu, nos sociétés sont gouvernées par les principes économiques et politiques du libéralisme, tels qu’ils ont étés énoncés par Adam Smith, David Ricardo, Hobbes, Montesquieu et Locke. Ce qui nous intéresse ici c’est la manière dont une économie libérale régule et gouverne sa production (de biens et d’énergie), c’est ici qu’intervient le concept de la “main invisible” du marché, conceptualisé pour la première fois – sans être nommé – par Adam Smith dans “The Wealth of Nations”§ et repris par toustes les économistes libéraleux depuis.

La thèse de Smith est la suivante : la recherche égoïste de profit des individus dans un libre marché profite en réalité au collectif, en augmentant sa richesse totale11. Les libéraleu»x eux-même caractérisent leur modèle comme étant gouverné exclusivement par la recherche du profit à titre individuel. On les entends parfois défendre leur modèle économique en vantant sa capacité d’organisation de la production du marché, on peut citer le célèbre exemple du crayon de papier de Milton Friedman12. Mais l’économie de marché n’est pas l’apanage exclusif du libéralisme économique (elle existait déjà à l’époque féodale, ou dans les sociétés esclavagistes de l’Antiquité, de nombreux·ses socialistes se revendiquent d’ailleurs socialistes “de marché”13,14). C’est dans le déploiement complet d’un marché régi exclusivement par la recherche de profit que se situe la spécificité du modèle libéral.

Tant d’après les défenseu·r·se·s11 du libéralisme que d’après ses critiques15 une des caractéristiques première de ce modèle réside dans l’accumulation par un petit nombre d’individus d’une certaine quantité de capital, et ce afin de le réinvestir pour générer un profit. C’est en référence à ce procès d’accumulation et de réinvestissement des richesses que Marx choisi de nommer le système économique qu’il étudie capitalisme et non libéralisme.

« La forme immédiate de la circulation des marchandises est M—A—M, transformation de la marchandise en argent et retransformation de l’argent en marchandise, vendre pour acheter. Mais, à côté de cette forme, nous en trouvons une autre, tout à fait distincte, la forme A—M—A (argent—marchandise-argent), transformation de l’argent en marchandise et retransformation de la marchandise en argent, acheter pour vendre. Tout argent qui dans son mouvement décrit ce dernier cercle se transforme en capital, devient capital et est déjà par destination capital.»

Karl Marx & Friedrich Engels – “Le Capital”, Vol. 1

Pour Marx, ce qui différencie le capital de l’argent c’est son utilisation : le capital c’est de l’argent utilisé pour gagner plus d’argent. Les capitalistes, sont ceux qui possèdent suffisamment de capital pour vivre des profits dégagés par leurs investissements, et ce, sans produire quoi que ce soit eux-mêmes. Tous les objets qui servent à produire d’autres objets : les outils des usines, les machines de l’agriculture, les bâtiments qui abritent des entreprises constituent du capital, à l’opposé de ceux qui ne remplissent pas cette fonction : le logement d’un·e individu·e ou alors un produit fini prêt à être consommé ne constituent pas de capital.

Représentation schématique de boucles de rétroaction positives et négatives (ici pour modéliser l’évolution de la population) tirée de la dernière édition du rapport Meadows

Celles et ceux qui sont familiers avec la dynamique des systèmes, qui ont lu le rapport Meadows ou alors un des derniers rapports du GIEC ont certainement remarqué que la définition que Marx (mais aussi Adam Smith) donne du capital correspond exactement à une boucle de rétroaction positive: une part de ce qui est produit est réinvestie pour produire plus. Et une propriété fondamentale des boucles de rétroactions positives est leur capacité à créer de la croissance exponentielle#. En d’autre termes : la croissance économique est une propriété fondamentale du libéralisme. Tant que le schéma d’accumulation de profit et de réinvestissement de ces profits dans l’économie est perpétué, la croissance sera exponentielle – et comme le découplage du PIB et des émissions de CO2 n’est, lui, pas exponentiel, il est impossible de réduire nos émissions sans profondément reconfigurer notre modèle économique.

“Mais enfin ce·lle·ux qui détiennent le capital ne sont pas stupides, pourquoi perpétueraient-iels un système qui va vers son autodestruction? Si les capitalistes voulaient vraiment préserver leur richesse à tout prix iels n’oeuvreraient pas à causer l’effondrement de la société qui leur permet de dépenser l’argent qu’iels gagnent.” Telles sont les remarques qu’on à tendance à entendre quand on affirme que la préservation du modèle économique libéral est fondamentalement incompatible avec une résolution de la crise climatique.

Mais c’est mal comprendre le fonctionnement de la forme contemporaine du libéralisme que de penser que les capitalistes, les actionnaires, les investisseu·r·se·s contrôlent directement le capital qu’ils investissent.

Pour mieux l’appréhender, prenons un exemple concret : la Royal Dutch Shell (plus communément appelée Shell) est une des plus grandes compagnies mondiale d’extraction de pétrole et de gaz, elle opère des puits de pétrole en Europe, en Afrique, en Amérique et en Australie, mais gère aussi les activités de transport et raffinage d’hydrocarbures qui sont nécessaires à l’utilisation de ces produits. On peut considérer que Shell est une des compagnies les plus fortement responsables du changement climatique16. Elle est dirigée par un comité exécutif qui rend des comptes à ses actionnaires. Sur les marchés financiers, elle est capitalisée à hauteur de 216 milliards de dollars (en 2019)17 et aucun actionnaire ne détient plus de 10% des parts de la compagnie18

Ce qu’il faut comprendre c’est que les acteur·ice·s financier·e·s qui détiennent des parts de Shell ne sont pas des individus, ce sont des banques et des fonds d’investissement qui laissent la responsabilité de leurs investissements à des mathématicien·ne·s financier·e·s dont le travail consiste le plus souvent en la conception d’algorithmes de trading automatisé19. Ici la complexité du marché financier et l’importante distance entre ce·lle·ux qui possèdent la richesse (des êtres humains ayant investi, par exemple dans un fond de pension) et ce·lle·ux qui l’investissent (des ingénieur·e·s et des mathématicien·ne·s qui sont elleux-mêmes contraint·e·s par un impératif de rentabilité) empêchent ce·lle·ux qui détiennent le capital de comprendre précisément quelles sont les conséquences de leurs investissements. C’est dans ce cadre que des situations aussi absurdes que l’utilisation de “green bonds” (des produits financiers “verts” supposés financer la transition énergétique) pour financer l’industrie du charbon est possible20 : la complexité du système financier est telle qu’il est impossible pour un·e investisseu·r·se (ou pour qui que ce soit d’autre) de savoir dans quelles activités son capital est utilisé. La seule valeur mesurable est celle du profit.

Et la logique de maximisation à court terme du profit monétaire se reproduit jusque dans les structures de gestion des entreprises. Reprenons l’exemple de Shell, la rémunération de Ben van Beurden, son PDG, est calculée en fonction des performances financières de l’entreprise21, de la quantité de profits qu’elle génère pour ses investisseu·r·se·s. En 2018, la rémunération de ce dernier a d’ailleurs plus que doublé en atteignant les 22.8 millions de dollars annuels22. Et si ce dernier, peu attiré par l’appât du gain, ne se laissait pas convaincre par la perspective d’un bonus et adoptait une politique suboptimale du point de vue du profit dégagé (ce que serait nécessairement une politique cohérente du point de vue climatique), il serait sans aucun doute remplacé (rappelons ici que le comité exécutif est choisi par des investisseu·r·se·s, qui, nous l’avons vu plus tôt ne possèdent pas l’argent qu’ils investissent mais vendent plutôt le service de le faire fructifier). C’est à travers ce genre de structures et de mécanisme que le libéralisme contemporain se rend complètement gouverné par la pure recherche du profit.

Et c’est dans ces structures que se situe la source de l’immobilité de nos sociétés, la pensée libéral appelle timidement externalités23 tous les effets de l’économie qui ne se reflètent pas dans l’évolution des prix. Voilà où se situe la menace existentielle du changement climatique, à l’extérieur de ce que l’économie libérale considère, et très certainement à l’extérieur de l’ensemble des problématiques qu’elle peut résoudre.

« Les hommes sont plutôt bons que mauvais, et en vérité ce n’est pas la question. Mais ils ignorent plus ou moins, et c’est ce qu’on appelle vertu ou vice, le vice le plus désespérant étant celui de l’ignorance qui croit tout savoir et qui s’autorise alors à tuer. L’âme du meurtrier est aveugle et il n’y a pas de vraie bonté ni de bel amour sans toute la clairvoyance possible. »

Albert Camus – Extrait de “La Peste”

Titouan Renard

Photo de couverture : Neurones (Domaine Public, NeuroCyto Lab, INP, Marseille, France)


  1. *
    Je mentionne en relativement grands détails la pensée de Per Espen Stoknes car on le retrouve souvent cité comme une référence dans les médias grand public. Il semble que ses idées aient séduit largement en dehors du cercle académique – on le retrouve notamment interviewé dans les vidéos de Vox et Brut et par Le Monde – et il me semble donc pertinent de s’y attarder. Toutefois cette pensée essentialiste de l’incapacité fondamentalement humaine de changer nos mode d’organisation se retrouve aussi bien plus à gauche que dans les travaux de Per Espen Stoknes, on peut notamment voir des idées similaires dans la pensée de Vincent Mignerot.
  2. On voit d’ailleurs l’apparitions d’ONGs ne traitant la question que sous cet angle (“Climate Outreach” étant certainement celle qui bénéficie du plus de visibilité)
  3. Si je ne pense effectivement pas qu’un explication psychologique telle que celle que Stoknes donne n’aide absolument pas à la compréhension des dynamiques sociales du changement climatique, cela ne m’empêche pas de penser qu’une autre réflexion psychologique est sociologique sur ces sujets puisse être pertinente. Je pense notamment à certains travaux d’Andreas Malm.
  4. §
     Le titre exact de l’ouvrage de Smith est : “An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations”
  5.  Il serait ici plus exact de parler de valeur que d’argent : si on prends l’exemple d’une machine-outil, au moment ou un investisseur fait l’acquisition de ladite machine-outil, elle ne cesse pas de constituer du capital, l’échange d’argent contre un objet d’une valeur donnée préserve la même quantité de capital pour l’investisseur.
  6. #
    Et c’est d’ailleurs un fait – la propension du libéralisme à créer de la croissance, pas de spécifiquement exponentielle – qui est reconnu par Smith lui même qui dans “The Wealth of Nations” écrit : “De même que le travail ne peut acquérir cette grande extension de puissance productive sans une accumulation préalable de capitaux, de même l’accumulation des capitaux amène naturellement cette extension. […] Ainsi, non-seulement la quantité d’industrie augmente dans un pays en raison de l’accroissement du capital qui la met en activité, mais encore, par une suite de cet accroissement, la même quantité d’industrie produit une beaucoup plus grande quantité d’ouvrage.”

Sources

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